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Firplast cité comme exemple pour sa transition écologique !

Comment une démarche Développement Durable peut sauver un fabricant de vaisselle plastique ?

 


Guillaume ANDRE-WALLUT, président-fondateur de VERTUOSE, structure spécialisée dans le réemploi de produits mais aussi dans l’accompagnement des entreprises dans leur transition écologique, s’est entretenu avec Yann MERRAN, en charge de la démarche « développement durable » au sein de Firplast, qui a donné, naissance à Vision Verte.

Bonjour Yann MERRAN, vous êtes en charge de la démarche Développement Durable chez Firplast.

Quelle est l’activité de Firplast ?

Firplast conçoit et distribue de la vaisselle jetable et des emballages à destination des professionnels de la restauration, depuis plus de 36 ans.

Entre le plastique bashing ambiant et la loi Egalim qui interdit la vente de vaisselle jetable auprès des particuliers, à partir de 2020, comment voyez-vous l’avenir de Firplast ?

Nous n’avons pas attendu tout cela pour essayer de réduire notre empreinte environnementale. Cela fait près de 20 ans que nous avons initié notre transition écologique.

–       Nous avons commencé en ayant une démarche pédagogique auprès de nos clients, en les sensibilisant sur l’impact environnemental du plastique ou encore sur l’importance du recyclage.

–       Nous avons créé, il y a 20 ans déjà, une gamme de produits 100% biosourcés ou compostables, appelée « Vision Verte »

–       Depuis plus de 10 ans maintenant, nous avons mis en place une boucle de recyclage (que nous avons appelé « RecyPlast ») : en proposant à nos clients des caisses de stockage pliables, la location ou la vente de compacteurs, la reprise et le nettoyage de leurs emballages plastiques usagés.

–       Bien avant l’arrivée de toute norme officielle, nous avons mis en place nos propres normes environnementales pour aider nos clients à se repérer sur l’origine et le devenir des emballages à usage unique que nous proposons

–       Nous investissons beaucoup en R&D sur de nouveaux matériaux, bio sourcés ou compostables

Nous ne sommes pas parfaits et beaucoup de choses restent à faire, mais on peut légitimement dire, je pense, que nous faisons partie des bons élèves :

–       Aujourd’hui, la gamme Vision Verte représente 70% de nos ventes de vaisselle jetables auprès des professionnels

–       Sur l’exercice 2019-2020 nous allons encore supprimer 20% de notre gamme plastique d’origine fossile.

–       Nous venons de développer et breveter, un emballage alimentaire 100% biodégradable et compostable

Les fabricants ne doivent pas être les seuls à changer si l’on veut que les choses évoluent vite et bien.

Le secteur public commence à s’intéresser aux emballages et à la vaisselle biodégradable et compostable. Les communautés de communes, écoles, cuisines centrales lancent de plus en plus de consultation sur ces alternatives.

D’autre part, il est urgent de créer une filière de recyclage des biodéchets, en France. Il faut savoir qu’une telle filière existe depuis des dizaines d’années en Allemagne ou en Italie, par exemple. Là-bas, la poubelle de biodéchets a toute sa place, dans chaque foyer, au même titre que la poubelle de tri carton/papier. Ces déchets sont récupérés et, recyclés ou valorisés à 100%.

En France, la situation fait qu’il n’y a aucune garantie que les emballages compostables, comme ceux que nous proposons, retournent à la terre ; alors que les emballages plastiques d’origine fossile, eux, sont plutôt bien recyclés. Un tel paradoxe ne pousse pas les fabricants à proposer des matières alternatives. Cela trouble également les consommateurs, avec, par exemple, d’un côté, l’interdiction de la vente de vaisselle jetable en plastique, et de l’autre, l’absence d’une solution généralisée de valorisation des biodéchets.

Qu’est-ce qui a motivé cette transition écologique, chez Firplast ?

C’est tout simplement le PDG de l’entreprise qui en est à l’origine. Il a senti, il y a déjà longtemps, que c’était important de positionner l’entreprise dans une démarche durable.

C’est aussi une approche extrêmement pragmatique, au regard de l’environnement concurrentiel de l’entreprise.

D’autre part, au fur et à mesure des années, les demandes de nos clients, pour trouver des solutions plus durables, sont devenues de plus en plus importantes ; demandes directement liées aux exigences grandissantes des consommateurs concernant l’impact environnemental de ces produits. Sur les 3 dernières années, on voit d’ailleurs clairement une accélération de cette tendance.

Était-ce donc une bonne décision de prendre ce virage écologique ?

Définitivement, oui ! A plusieurs titres :

–       Aujourd’hui, les nouvelles demandes et consultations sont pratiquement exclusivement sur des produits biodégradables et bio sourcés.

–       Cela a également été un véritable projet d’entreprise autour duquel nous avons pu fédérer les collaborateurs

–       Cela nous a également permis de gagner de nouveaux clients, qui avaient des exigences environnementales fortes.

–       Enfin, cela nous a ouvert les yeux sur une diversification potentielle de notre activité (ex : j’évoquais tout à l’heure les prestations de recyclage que nous avons mis en place)

A contrario, les fabricants, qui n’ont pas opéré un tel virage, sont en très mauvaise posture :

–       Certains, beaucoup plus gros que nous, il y a 20 ans, sont aujourd’hui « morts » ou en vente, pour ne pas avoir su évoluer.

–       D’autres ont vu leur valorisation chuter de 50%

–       D’autres, enfin, rachètent à tour de bras d’autres entreprises leur permettant de se positionner sur ces nouveaux marchés ou diversifier.

Quel a été votre plus grand défi ?

Ce défi n’est pas encore gagné ; nous restons vigilants quant à l’avenir de l’entreprise.

Au quotidien, nous subissons encore une perte importante de chiffre d’affaire sur certaines familles de produits (-50% sur les pailles, par exemple, même si nous avons trouvé des alternatives techniques viables tels que le PLA ou le papier qui remplacent de façon avantageuse le plastique jetable).

Les études montrent que le marché n’accepte une hausse que de 15 à 20 % pour passer à des solutions durables, alors que les surcoûts, pour nous, sont plutôt de 30 à 50 %, actuellement.

Quelle est votre plus grande fierté ?

Une « petite » fierté est d’avoir développé une gamme de produits d’origine 100% végétale, à base de pulpe de canne à sucre (notre gamme « Pulp’Instinct »). Cette pulpe – appelée la bagasse – était à l’origine un déchet pour la filière agricole ; nous en faisons un sous-produit : de la vaisselle. Réussir à faire d’un déchet une ressource, économiquement viable, est une expérience assez grisante.

Une fierté plus globale est, qu’aujourd’hui, cette démarche durable est au cœur de notre modèle économique et de l’ADN de l’entreprise. Cela nous a permis d’ailleurs de devenir un acteur incontournable de ce marché, reconnu pour son positionnement différenciant. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus imités par nos confrères.

Quel est votre chiffre d’affaire et combien y a-t-il de collaborateurs dans votre entreprise ?

Nous faisons environs 30 millions d’€ de CA avec 49 collaborateurs.

Merci Yann d’avoir partagé avec nous toutes ces informations en toute transparence. »

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